Samica : "Pas si mal"

Samica : "Pas si mal"

06/06/2007 - 17:12

Propos recueillis par Yannick SAGORIN
De Sports.fr

Deux victoires et deux défaites, alors que se profile ce week-end la troisième session de la Ligue mondiale 2007, l'équipe de France peut se targuer d'avoir limité les dégâts lors de ses deux premières sorties. A tel point que les hommes de Philippe Blain, qui s'apprêtent à recevoir deux fois les Etats-Unis, ont l'occasion de s'emparer des commandes de leur groupe dès vendredi. Un double rendez-vous décisif pour le futur attaquant-réceptionneur milanais, Guillaume Samica, qui voit en cette compétition le meilleur des outils de travail avant les JO.

Guillaume Samica et les Bleus, déjà tournés vers Pékin.

Quel regard portez-vous sur votre parcours dans cette Ligue mondiale jusqu'à maintenant ?
Nous ne sommes pas si mal. Deux victoires et deux défaites après deux déplacements périlleux, c'est plutôt encourageant. Bien sûr, nous avons quelques regrets par rapport à notre revers face à l'Italie. Pour notre première confrontation à la Squadra Azzurra, nous avons perdu en cinq sets un match où nous avons accumulé les erreurs et les mauvais choix. Contre les Etats-Unis, c'était plus une question de déconcentration. Nous avions gagné la première rencontre et nous nous sommes relâchés.

Vous attendiez-vous à une telle bagarre face aux Américains ?
Oui, nous avons pu voir leur qualité pendant les Championnats du monde. Même s'ils avaient des joueurs importants en moins, nous nous attendions à un gros combat. Les Américains ont une belle équipe et il est toujours difficile de les manoeuvrer.

Malgré la défaite dans le premier match, on a senti que les Italiens étaient à votre portée ?
Oui, comme nous ils ont une équipe assez jeune et c'est vrai que nous nous sommes mis en difficulté presque tous seuls dans le premier match. Maintenant, il faut en passer par là pour grandir et nous avons démontré que nous savions apprendre de nos erreurs.

Que s'est-il passé entre vos deux rencontres face à l'Italie ?
Un bon coup de gueule du coach pour commencer. Il nous a bien remis en place et je crois que ça nous a fait du bien. Ensuite, nous avons bien travaillé dès le lendemain et nous nous sommes armés d'une volonté farouche de revanche. D'accord, nous avions perdu mais nous avions aussi pris conscience qu'ils étaient prenables.

D'autant que c'est une équipe qui vous réussit plutôt bien ces deux dernières années...
C'est vrai. Mais tous nos matches contre eux se jouent sur des détails. Exceptés deux ou trois rencontres qui se sont soldées par un 3-0, la plupart du temps, ça se termine sur un 3-2. En tout cas, ce sont toujours des rencontres agréables et intenses entre des joueurs qui se connaissent parfaitement et ne lâchent jamais rien.

Comment abordez-vous votre double rendez-vous américain du week-end ?
C'est sans doute le plus important rendez-vous de la première phase qui nous attend. Si nous parvenons à les battre deux fois, nous passons devant eux au classement et nous faisons un grand pas vers la qualification. Bien sûr, il faudra confirmer ensuite face au Japon. Mais nous savons que c'est une équipe qui nous est légèrement inférieure...

"Retrouver les automatismes des Championnats du monde"

En tant que finalistes de l'édition précédente, avez-vous le sentiment d'être attendus au tournant dans cette compétition ?
Non, pas forcément. Tous les ans, la Ligue mondiale constitue une période de travail au cours de laquelle toutes les nations peaufinent leur préparation. Si nous souhaitons évidemment nous qualifier pour la phase finale, notre but est avant tout de retrouver les automatismes des Championnats du monde. Nous avons d'ailleurs pu constater du mieux à ce niveau là entre les deux premiers week-ends de compétition.

Y compris dans sa première phase, la Ligue mondiale reste donc un outil de travail en vue de l'Euro et les JO...
Oui, c'est maintenant que ça commence. Nous avons les Championnats d'Europe en septembre et c'est en fonction de notre résultat à l'Euro que nous pourrons prétendre ou pas à une place à Pékin. Ce qui est certain, c'est que la plupart des joueurs qui ont été sélectionnés pour cette Ligue mondiale ne sont qu'au début de l'aventure. La saison ne s'est pas arrêtée à la même date pour tout le monde et c'est pour cela que cette compétition est importante. La Ligue mondiale nous permet de nous accorder et nous réapprend à jouer ensemble en un temps record.

Avez-vous conscience d'être dorénavant un cadre de l'équipe de France ?
Ce que je sais, c'est que je prends du plaisir à être sur le terrain et à jouer avec des gars qui me font confiance. Mais rien n'est acquis pour autant. Durant le premier week-end par exemple, j'étais sur la touche parce que j'étais un petit peu en dedans. Nous avons tous nos coups de mou dans une saison. Pendant ce temps, les autres ne s'arrêtent pas de pousser et il faut savoir gérer la pression. Si je suis un des leaders aujourd'hui, j'ai également apprécié d'être un joker, prêt à tout donner dès que l'on fait appel à lui. J'espère que ceux qui sont dans cette situation à l'heure actuelle partagent cet état d'esprit.

Jouez-vous ce rôle de leader auprès des jeunes qui intègrent l'équipe aujourd'hui ?
Je ne sais pas. Inconsciemment, je pense que je leur glisse les mêmes conseils que je recevais il y a quatre ou cinq ans. Sur le placement, sur le jeu pratiqué en équipe de France qui est parfois très différent de ce qu'ils travaillent en club... Et puis, en sélection, il faut être à cent pour cent, y compris aux entraînements. Comme tous les anciens, oui, je leur refile quelques tuyaux.

En parlant de club justement, vous restez sur une belle saison avec Poitiers...
Oui... mais nous n'avons gagné aucun titre. C'était une saison pleine, peut-être la plus aboutie que je n'ai jamais jouée. Nous avons été aux avant-postes toute la saison régulière, nous sommes allés en finale du Championnat, en demi-finale de la Coupe d'Europe et de la Coupe de France... Maintenant, je sais que tout cela n'a pas été vain. Il suffit de voir la composition du groupe France pour comprendre que les gars qui ont joué le tableau final du championnat n'ont pas été aussi loin pour rien.

Et pourtant, vous quittez Poitiers pour Milan...
Eh oui... Mais attention, j'étais très bien à Poitiers ! Je l'ai dit aux dirigeants: "Ce n'est pas que je ne veux pas rester mais je veux partir! " D'ailleurs, il était hors de question pour moi d'aller dans un autre club français. Milan s'est présenté avec un challenge sportif intéressant. J'avais envie de retourner en Italie pour retrouver des joueurs que je croise le week-end en Ligue mondiale. Ça s'est fait naturellement...

Vous avez déjà joué trois saisons en Italie. Qu'y trouvez-vous pour être infidèle à la France ?
C'est un pays que j'aime beaucoup. Au niveau du jeu, le championnat de France n'a rien à envier au championnat italien. Les méthodes de travail y sont... différentes. Peut-être que l'on travaille un peu moins bien là-bas. Mais je souhaitais vraiment changer d'air. Et puis, je ne vous cache pas que financièrement, même si j'aurais pu trouver encore mieux, l'opération est plutôt bonne. Milan est un grand club et il était important que j'évolue dans une équipe de tout premier plan à un an des JO.